Le site de la Chaire d’études Europe-Russie de l’UCLouvain

Introduction

La soirée du 30 septembre s’achève sur un air de fête à Moscou. La cérémonie d’annexion des quatre territoires ukrainiens, Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia prend fin sur la Place Rouge. Pourtant, dans les heures, puis les jours qui suivent, l’armée ukrainienne reprend du terrain. Lyman, ce nœud ferroviaire dans la région de Donetsk, est reprise alors même que la Cour constitutionnelle valide les traités d’annexion signés deux jours plus tôt. Ramzan Kadyrov fulmine en live sur Telegram (en russe): « Hier c’était une parade dans Izium, aujourd’hui un drapeau à Lyman, et demain, quoi? Tout irait si bien si ça n’allait pas si mal ».

C’est que l’aile radicale – si on ose dire – du Kremlin demande une action décisive. Et Kadyrov de dénoncer le népotisme au ministère de la Défense, et de lancer : « Je ne sais pas ce que le ministère de la défense rapporte au Commandant en Chef, mais à mon avis, il faudrait prendre des mesures plus drastiques, jusqu’à la déclaration de la loi martiale dans les zones frontalières et l’usage d’armes nucléaires tactiques ». 

L’aile radicale, donc, demande de comptes. Lorsque, le 8 octobre, une explosion endommage l’une des voies du pont de Crimée, la riposte russe est légèrement retardée, pour véhiculer l’image d’une force tranquille. Le lendemain, la Russie commence le pilonnage des infrastructures stratégiques, privant peu à peu la population des villes – y compris Kiev – d’électricité et d’eau potable. A la fin du mois d’octobre, plus d’un tiers des capacités énergétiques du pays a été détruit par des missiles russes et des drones en provenance d’Iran.

La menace d’une arme nucléaire se précise, et elle est prise au sérieux, mais les alliés s’accordent à ne pas céder au chantage russe en vue de la reddition de l’Ukraine. C’est dans ce contexte d’extrême tension que se déroulent, à la mi-octobre, les exercices nucléaires annuels de l’OTAN (Steadfast Noon) et de la Russie (Grom). 

Pour les Européens, la menace la plus immédiate est celle de la crise économique et sociale. Il s’agit non seulement de mobiliser les moyens et les méthodes d’urgence pour protéger les citoyens, mais également de le faire sans endommager trop la solidarité européenne et les fondements du marché unique. Dans ce contexte, la décision annoncée fin septembre par Berlin de mobiliser 200 milliards d’euros pour protéger son économie fait l’effet d’une bombe. 

Les Européens apparaissent toujours unis sur le soutien à l’Ukraine (avec l’adoption, le 6 octobre, d’un huitième paquet de sanctions et la réunion des 44 participants de la Communauté politique européenne), mais profondément divisés sur les enjeux socio-économiques. D’un Conseil européen (7 octobre) à l’autre (20-21 octobre), la bataille rangée sur les mécanismes de protection des économies nationales est contrebalancée par quelques points de convergence (achats groupés de gaz, mécanismes de solidarité), et, globalement, sur l’objectif commun de résister à la menace russe. 

 

Au sommaire

Introduction

I La coercition à l’encontre de la Russie

  1. Le huitième paquet de sanctions (6 octobre 2022). Plafonnement du prix du pétrole
  2. Quels moyens l’UE peut-elle encore mobiliser pour faire pression sur le Kremlin ?

II La résilience européenne — le défi de l’unité

  1. La protection des infrastructures stratégiques
  2. Les mesures d’urgence pour juguler la crise des prix de l’énergie 1
  3. La circulation des citoyens russes dans l’UE
  4. L’outil anti-coercition

III Le soutien à l’Ukraine

  1. L’aide militaire
  2. L’assistance humanitaire
  3. Le soutien judiciaire
  4. L’outreach et la diplomatie publique
  5. L’aide macroéconomique

IV Dans le reste de l’actualité

  1. Biélorussie
  2. Moldavie
  3. Caucase
  4. Asie centrale
  5. Prix Nobel, Sakharov, Vaclav Havel
  6. Dossiers à suivre

Conclusion

Lire le dossier complet au format PDF

Share This