Le Chancelier Scholz a été très clair au Bundestag: en précipitant la décision d’un embargo gazier, l’Europe risque de précipiter l’Allemagne dans la “pire crise économique et sociale” depuis la Seconde Guerre mondiale, la mise en péril de l’industrie, et la perte de centaines de milliers d’emplois. Il plaide pour une déconnexion des réseaux russes graduelle pour éviter le choc. Le devoir de l’Europe est-il d’assécher le budget russe maintenant, ou de sauvegarder sa puissance industrielle, économique et sociale pour assurer la défense de l’Ukraine – et, demain, de la Moldavie?
Il faut bien constater que les mesures restrictives européennes n’ont guère permis d’infléchir la ligne politique et diplomatique russe. La Crimée n’a pas été rendue à l’Ukraine, la paix n’a pas été proclamée dans le Donbass, les ingérences dans les espaces aériens, maritimes et cyber des États membres n’ont pas cessé, la répression s’est dramatiquement accentuée en Russie, des opérations des services secrets russes – empoisonnements, sabotages – ont été perpétrés sur le territoire européen, des diplomates ont été expulsés à tour de bras. Dans ce contexte, à quoi bon les sanctions ?
Que doivent faire les Vingt-sept ? Sanctionner Moscou pour avoir emprisonné l’opposant Alexeï Navalny ? Ou prendre le chemin du dialogue critique avec le Kremlin ? Quelle sera l’option la plus juste ?
Eté 2020: la contestation populaire face à la réélection de Loukachenko menace l’ordre établi au Belarus. Quels sont les enjeux pour Moscou, et à quelles réaction doit-on s’attendre dans les mois à venir?
Interview publiée dans Le Vif, août 2020