Les massacres perpétrés dans la région de Kiev, révélés le 1er avril à la faveur du désengagement russe, ont déclenché des réponses fermes de la part de l’UE à divers niveaux : au niveau de la coercition économique, au niveau de la lutte contre l’impunité, au niveau du soutien à l’Ukraine, mais également, dans une vision plus globale, au niveau de la résilience de l’Union. Le mois d’avril apparaît rétrospectivement comme un mois de transition entre deux trains de sanctions : celui du 8 avril, qui amorce l’offensive européenne sur les énergies, et celui de début mai, qui vise le cœur – mais pas encore l’écosystème – de la rente pétrolière russe.
Le Chancelier Scholz a été très clair au Bundestag: en précipitant la décision d’un embargo gazier, l’Europe risque de précipiter l’Allemagne dans la “pire crise économique et sociale” depuis la Seconde Guerre mondiale, la mise en péril de l’industrie, et la perte de centaines de milliers d’emplois. Il plaide pour une déconnexion des réseaux russes graduelle pour éviter le choc. Le devoir de l’Europe est-il d’assécher le budget russe maintenant, ou de sauvegarder sa puissance industrielle, économique et sociale pour assurer la défense de l’Ukraine – et, demain, de la Moldavie?
Cela fait des années que revient une affirmation selon laquelle en s’élargissant à l’Est, l’OTAN n’aurait pas respecté une promesse faite à M. Gorbatchev à la fin de la guerre froide. Y a-t-il eu une promesse ? Quand aurait-elle été formulée ? Par qui et en quelle qualité ? Avec quelle signification précise ?
L’annonce faite par les autorités russes ce 29 mars d’une réduction des opérations militaires sur Kiev et Chernigiv constitue la première inflexion en ce sens depuis le début de la guerre. Elle entrouvre la réflexion sur la manière dont ce conflit pourrait s’achever, ou s’enliser. A cet égard, l’expérience des conflits gelés en Europe orientale offre un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’après-guerre européen.
D’une ampleur sans précédent, les sanctions européennes après l’invasion de l’Ukraine ont rempli leurs diverses fonctions. A défaut d’avoir été dissuasives, elles ont puni la Russie, indiqué l’unité des Vingt-sept et rallié le monde occidental dans un même dessein. La question de leur aptitude à modifier la conduite du Kremlin demeure néanmoins. Mais la possibilité d’une levée graduelle des mesures au gré d’une amélioration de la situation devra être prise en compte pour ne pas cantonner Moscou dans une funeste citadelle assiégée.
Cette analyse proposée par un militaire de carrière et chercheur de l’UCLouvain présente une évaluation critique et synthétique des opérations militaires russes en Ukraine au niveau des principes fondamentaux de la guerre.
This analysis presents a short assessment of Russia’s operation in Ukraine according to the time-honoured principles of war at the operational level. The principles of war can be listed as: 1. Surprise, 2. Manoeuvre, 3. Objective, 4. Offensive, 5. Mass, 6. Economy of Forces, 7. Unity of Command, 8. Security, 9. Simplicity.