Il faut bien constater que les mesures restrictives européennes n’ont guère permis d’infléchir la ligne politique et diplomatique russe. La Crimée n’a pas été rendue à l’Ukraine, la paix n’a pas été proclamée dans le Donbass, les ingérences dans les espaces aériens, maritimes et cyber des États membres n’ont pas cessé, la répression s’est dramatiquement accentuée en Russie, des opérations des services secrets russes – empoisonnements, sabotages – ont été perpétrés sur le territoire européen, des diplomates ont été expulsés à tour de bras. Dans ce contexte, à quoi bon les sanctions ?
L’UE est traversée de courants divers, souvent contraires, sur l’attitude à adopter face à la Russie. A défaut de mieux, la politique russe de l’Union se matérialisera dans les prochaines semaines par l’adoption de nouvelles sanctions.
Cependant, les conditions de la décision en ce début d’année sont plus complexes que jamais. Premièrement, les expériences mitigées du passé appellent une réflexion nouvelle sur la nature et sur les cibles d’un nouveau train de sanctions. Deuxièmement, le contexte de la décision est singulièrement ardu, notamment en raison des circonstances sanitaires. Enfin, la Russie affiche désormais sans ambages son intempérance à l’égard des intentions européennes.
Le séjour de Josep Borrell à Moscou du 4 au 6 février 2021 a attiré comme rarement l’attention médiatique. Il faut dire que le contexte était difficile et la tentative de dialogue risquée. Mais faut-il pour autant rallier le cœur des pleureuses ? En réalité, la réaction courroucée des parlementaires en dit plus long sur la différence d’approche entre le parlement et les autres institutions de l’UE que sur les tribulations de Borrell à Moscou.